Le projet 'Republik' a séduit. Son opération de récolte de fonds a largement dépassé les attentes. A sa clôture mercredi soir, le futur magazine en ligne alémanique a réuni 3,4 millions de francs versés par 13'845 abonnés en un mois.
Depuis le 26 avril dernier, date du lancement de ce 'crowdfunding', les lecteurs potentiels ont pu verser leur contribution en ligne. Prix de l'abonnement: 240 francs par an.
Le dépassement de l'objectif visé - 750'000 francs et 3000 abonnés - permet à Republik de créer trois nouveaux postes de travail, dont deux places de formation, pour porter leur nombre à onze. L'argent supplémentaire servira aussi à réaliser quatre grosses enquêtes par an et financer les contributions d'auteurs internationaux.
Coopérative d'abonnés
La semaine dernière, les abonnés éditeurs se sont en outre prononcés par vote en ligne pour un renforcement du journalisme de base de données, afin d'asseoir la fiabilité du magazine. Pour ce faire, Republik devra atteindre la barre toute proche des 14'000 abonnés.
Les abonnés forment une coopérative d'éditeurs qui détiendra un maximum de 49% des actions, indique à l'ats la directrice du projet Susanne Sugimoto. Le reste des parts sera distribué entre les investisseurs de départ, qui ont promis un crédit de 3,5 millions de francs, et la rédaction.
22'000 fidèles pour s'autofinancer
'De cette manière, personne ne pourra dicter, seul, la voie à suivre du magazine', souligne Susanne Sugimoto. Republik entend faire passer son nombre d'abonnés à 22'000 en cinq ans afin de pouvoir s'autofinancer entièrement.
Le futur média entend ainsi rembourser progressivement l'investissement des créanciers - les héritiers de l'inventeur du détecteur d'incendie Ernst Meili et une société immobilière principalement. Ce principe renforce encore l'indépendance de Republik. Les investisseurs se sont en outre engagés à ne pas se mêler aux décisions éditoriales, ajoute la directrice.
Face aux 150'000 abonnés du Tages-Anzeiger, Republik n'a pas l'ambition de devenir une véritable concurrence pour la presse quotidienne d'un grand groupe de presse. Le magazine alémanique veut surtout fournir des enquêtes de fond documentées.
'Un tel projet montre les chances qu'offre le numérique aux médias', observe Christoph Zimmer porte-parole de Tamedia. 'Il y a encore quelques années, il n'aurait pas été réalisable.'
/ATS