Intempéries fréquentes, vagues de chaleur, sécheresse estivale: la Suisse est particulièrement concernée par le réchauffement climatique. Il est deux fois plus fort dans l'arc alpin qu'en moyenne mondiale. Il faut agir vite, avertissent des scientifiques suisses.
Les températures annuelles moyennes sont montées en Suisse de 1,8° C depuis 1850. Cette augmentation est environ deux fois plus forte qu'en moyenne planétaire, avertit lundi ProClim, le forum pour le climat de l'Académie suisse des sciences naturelles, à l'occasion de la publication d'un rapport.
Les conséquences sont déjà visibles. Les glaciers fondent, la limite des chutes de neige augmente. Les événements météorologiques extrêmes comme des vagues de chaleur ou des intempéries et inondations sont plus fréquents, de même que les chutes de pierres ou glissements de terrain.
Dur pour le ski
L'industrie du tourisme va souffrir aussi: d'ici la fin du siècle, les saisons de ski se réduiront de 4 à 8 semaines, par manque de neige. De nombreuses stations de moyenne altitude vont connaître des temps difficiles, estimait dimanche dans la NZZ am Sonntag un des auteurs du rapport, le climatologue de l'EPFZ Reto Knutti.
L'agriculture devra aussi faire face à de grands défis. Outre le manque d'eau, les maladies des plantes vont se multiplier. Les espèces nuisibles et envahissantes se propagent davantage avec des températures plus élevées et sont plus difficiles à combattre.
Les changements climatiques ne laissent donc pas la Suisse froide, écrivent les experts. Si l'on veut éviter des conséquences encore plus graves, il faut mettre en oeuvre rapidement les décisions négociées à Paris lors de l'accord sur le climat en 2015. Ceci implique une économie durable au niveau mondial et l'abandon des énergies fossiles.
Le Conseil mondial du climat a défini dans l'accord de Paris une hausse des températures moyennes mondiales limitée à 2° C. Les émissions de gaz à effet de serre doivent être ramenées à zéro dans la deuxième moitié du 21e siècle.
Mesures concrètes
Dans ce rapport, des scientifiques des écoles polytechniques fédérales et des climatologues suisses proposent des mesures concrètes dans des domaines précis: comportement des pendulaires et des voyageurs, logement, chauffage, utilisation de l'énergie ou encore alimentation.
Par exemple, les villes peuvent faire mieux en matière d'urbanisme, afin d'adoucir les effets des canicules. En 2003, quelque 1000 personnes avaient trouvé la mort à cause de la chaleur extrême, selon les estimations.
Alliances politiques
La mutation requise offre aussi de nombreuses opportunités dont la Suisse peut et doit tirer profit, assure ProClim. Cela suppose toutefois un processus politique efficace et des alliances majoritaires. 'Nous devons agir', a insisté devant les médias la conseillère nationale Kathy Ricklin (PDC/ZH), présidente de l'Organe consultatif sur les changements climatiques.
Un réseau de 75 climatologues et 40 experts a rédigé le rapport 'Coup de projecteur sur le climat suisse. Etat des lieux et perspectives.' Ils se sont fondés sur les travaux du Conseil mondial du climat et les ont complétés par de nouvelles analyses scientifiques portant sur l'arc alpin.
La première conférence mondiale sur le climat après celle de Paris s'ouvre lundi à Marrakech.
/ATS