Des dizaines de militants pro-palestiniens ont de nouveau tenté de forcer par la mer le blocus israélien sur Gaza. Un navire a été arraisonné lundi par Israël et escorté vers le port d'Ashdod. Les trois autres bateaux de la flotille ont annoncé rebrousser chemin.
Il y a cinq ans, une autre flottille internationale terminait son voyage dans le sang, un assaut de l'armée israélienne à bord d'un des bateaux s'étant soldé par la mort de 10 militants turcs. Cette fois, aucune violence n'a été utilisée, a assuré l'armée israélienne.
Le chalutier suédois Marianne, fouillé et inspecté dans les eaux internationales, a été dérouté par la marine israélienne qui l'escortait désormais vers Ashdod où il devrait arriver dans les 24 heures.
Personnalités à bord
Les trois autres navires de la 'Flottille de la liberté III' ont eux annoncé rebrousser chemin. Au total, plus de 50 personnes se trouvaient à bord des quatre bateaux, dont le député arabe israélien Bassel Ghattas - sur le Marianne -, l'ancien président tunisien Moncef Marzouki et des députés de pays européens et arabes.
Depuis leur départ, les autorités israéliennes, récemment montées au créneau face aux campagnes internationales de boycott qui s'intensifient, n'ont cessé de dénoncer les objectifs de la Flottille.
'Démonstration d'hypocrisie et de mensonges'
Et lundi matin, dans le communiqué de félicitation aux forces l'ayant intercepté, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a encore estimé qu'elle n'était 'rien d'autre qu'une démonstration d'hypocrisie et de mensonges', accusant la Flottille d''aider l'organisation terroriste Hamas'.
Avant de rebrousser chemin, les passagers des autres bateaux ont toutefois affirmé dans un communiqué ne pas renoncer à leur 'destination: la conscience de l'Humanité', appelant 'une nouvelle fois le gouvernement d'Israël à lever le blocus de Gaza'.
Territoire exangue et dévasté
Ce blocus, terrestre, aérien et maritime a été imposé par Israël à la bande de Gaza après l'enlèvement d'un de ses soldats en juin 2006 par le Hamas puis renforcé lors de la prise du pouvoir du mouvement islamiste un an plus tard.
Concrètement, il signifie qu'il est impossible de pénétrer dans les eaux gazaouies, ou de s'éloigner de plus de six miles nautiques des côtes de ce territoire sous peine d'essuyer des tirs de la marine israélienne.
Quant aux passages terrestres, tous contrôlés par Israël, à l'exception de Rafah que l'Egypte n'ouvre qu'au compte-gouttes, les contrôles y sont si drastiques que très peu parmi les 1,8 million de Gazaouis parviennent à quitter leur enclave exiguë et surpeuplée. Tandis que les matériaux de construction se font toujours attendre dans le petit territoire ravagé il y a un an par une offensive israélienne, la troisième en six ans, qui a fait près de 2200 morts et laissé 100'000 Gazaouis sans abris.
44% de chômeurs
Alors qu'avant ce blocus des milliers de Gazaouis travaillaient en Israël, le chômage atteint désormais des sommets: 44% - le taux probablement le plus élevé au monde selon la Banque mondiale.
En outre, le blocus a signé la disparition virtuelle des exportations de Gaza et fait chuter son PIB de plus de 50%, poursuit la Banque mondiale. Celle-ci a récemment tiré la sonnette d'alarme, mettant en garde contre un effondrement total de l'économie du petit territoire côtier où 39% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Israël accusé de crimes de guerre
Mais pour le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon, qui jure qu''aucun siège n'est imposé sur Gaza', les militants de la Flottille mènent juste une 'campagne visant à délégitimer Israël'.
La Flottille entendait capitaliser sur le contexte actuel, alors qu'Israël fait face à des appels au boycott et des pressions internationales, et que l'ONU vient d'accuser l'Etat hébreu, tout comme les groupes armés palestiniens, de possibles crimes de guerre durant le conflit qui a ravagé Gaza il y a un an.
/ATS