Les ministres des Finances de la zone euro ont annoncé jeudi s'être entendus sur le versement à la Grèce d'un nouveau prêt de 8,5 milliards d'euros (9,25 milliards de francs environ). L'accord va ainsi permettre d'écarter le spectre d'une nouvelle crise.
Les Grecs n'obtiendront en revanche pas, dans l'immédiat, les mesures d'allègement de leur dette colossale (179% du PIB) qu'ils réclament depuis des mois, mais la zone euro leur a apporté 'des précisions' sur ce qui pourrait leur être accordé plus tard.
'Je suis heureux d'annoncer que nous avons conclu un accord sur tous les éléments', s'est félicité Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe, qui réunit les ministres des Finances de la zone euro, à l'issue d'une réunion en présence de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde.
'La deuxième meilleure solution'
Cette dernière a immédiatement annoncé son intention de proposer au FMI d'également participer à ce plan d'aide, mettant fin à des mois de désaccords sur cette question. Mais le FMI ne débloquerait des fonds qu'après avoir obtenu davantage de précisions sur l'allègement de la dette grecque.
Le FMI pourra débloquer un soutien 'd'environ deux milliards de dollars' seulement après un accord complet sur des mesures additionnelles d'allègement de la dette, a dit Mme Lagarde à sa sortie de la réunion de l'Eurogroupe. En d'autres termes, le FMI accepte de renvoyer à plus tard les discussions sur la dette grecque, dont Berlin ne veut pas entendre parler avant les élections législatives de septembre, pour permettre ce déboursement à la Grèce.
'Personne ne dit que c'était la meilleure solution' mais 'c'est la deuxième meilleure solution', a déclaré Christine Lagarde. L'accord conclu jeudi soir, qui ne faisait guère de doute étant donné l'optimisme unanime affiché avant la réunion, constitue toutefois un véritable soulagement pour la zone euro.
Remboursement in extremis
Il permet d'enfin relancer le troisième plan d'aide à la Grèce, d'un montant de 86 milliards d'euros, signé en juillet 2015. Il patinait depuis des mois, à cause de divergences entre des membres de la zone euro - essentiellement l'Allemagne - et le FMI.
Le nouveau déboursement accordé à la Grèce lui permettra de rembourser in extremis plus de sept milliards d'euros de créances arrivant à échéance en juillet, repoussant le risque d'une crise estivale. 'Nous avons réussi a trouver un accord global qui va permettre à la Grèce de tourner la page d'une période si difficile', s'est réjoui le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.
Le ministre grec des Finances Euclide Tsakalotos s'est félicité de l'accord en parlant d'un 'grand pas en avant' par rapport à ce qui était sur la table à la précédente réunion de l'Eurogroupe. 'Cela apporte beaucoup plus de clarté aux marchés et au peuple grec', a-t-il dit.
Mercredi, le premier ministre grec Alexis Tsipras avait rappelé dans une tribune publiée dans Le Monde et Die Welt que la Grèce avait 'mené, au cours des deux dernières années, plus de réformes que l'ensemble des pays européens réunis'. 'Nous avons fait ce qui nous incombait et (...) nous attendons que nos créanciers en fassent de même (...) Qu'ils respectent mon pays', avait-il ajouté.
/ATS