Genève abrite 17,5 km de galeries souterraines

Genève abrite une vie souterraine méconnue, mais indispensable à son bon fonctionnement: de ...
Genève abrite 17,5 km de galeries souterraines

Genève abrite 17,5 km de galeries souterraines

Photo: Keystone

Genève abrite une vie souterraine méconnue, mais indispensable à son bon fonctionnement: de Rive à l'aéroport, 17,5 kilomètres de galeries alimentent les habitants en électricité, eau potable ou fibre optique. Descente dans des entrailles plutôt proprettes.

'Entretenues par les Services industriels de Genève (SIG), ces galeries techniques ont été construites entre le milieu des années 60 et des années 80', explique Jean-Marc Styner, responsable 'postes sources' aux SIG. L'une d'elles est accessible depuis un petit parc du quartier de Saint-Jean.

Un escalier en caillebotis conduit à un ascenseur s'enfonçant à 27 mètres de profondeur (claustrophobes et sujets au vertige s'abstenir). De là, une conduite traverse la ville sous le Rhône. Hormis quelques grondements lointains du tram et des camions, le calme règne.

L'emplacement exact des galeries techniques est tenu secret pour des raisons de sécurité, explique leur responsable Stéphane Bron, un détecteur de gaz autour du cou. 'On peut y faire une dizaine de kilomètres à pied sans mettre le nez à l'air libre'.

Creusées par des tunneliers

Les tubes se situent entre 45 mètres et un mètre sous terre. Les plus profonds ont été creusés par des tunneliers; les autres sont construits à ciel ouvert.

'Beaucoup de monde souhaite les visiter', relève M.Styner. Pourtant rien de très spectaculaire à observer, si ce n'est câbles, tuyaux ou conduites d'eau impeccablement entretenus. Pas même l'ombre furtive d'un rat. 'Il y en a, bien sûr, mais on fait des campagnes de dératisation. Ils sèchent et tombent en poussière', rassure l'ingénieur.

Cher le km

L'avantage de ces galeries? La plupart des coupures électriques sont provoquées par l'arrachage de câbles sur les chantiers. Grâce à elles, on évite beaucoup de problèmes, surtout dans une ville où les chantiers foisonnent, souligne Jean-Marc Styner.

'Lorsque l'on tire une ligne, personne ne voit rien', ajoute l'ingénieur. 'Mais ce système coûte cher: en moyenne, 1,4 million le km. Aujourd'hui, on ne procéderait plus ainsi: d'autres technologies sont utilisées'.

A Genève, une grande partie de l'électricité venue du réseau national est distribuée via ces tunnels. Les câbles 130kV rejoignent les postes sources où cette tension est abaissée à 18KV. Des câbles 18kV repartent en galeries techniques pour rejoindre quelque 1400 cabines de quartier. De là, les ménages sont alimentés en 220/400 volts.

Entre 14 et 16 degrés

Les galeries appartiennent à 80% aux SIG, le solde est détenu par la Ville de Genève et l'Office fédéral des routes. Deux collaborateurs des SIG travaillent à leur maintenance, passant entre 7 et 8 mois sous terre, par une température entre 14 et 16 degrés, explique leur chef Stéphane Bron.

Ils effectuent entre dix et quinze kilomètres par jour, le plus souvent à pied. Des vélos sont à disposition, de même qu'un chariot électrique pour le transport du matériel.

Autre siècle

Les câbles, les conduites d'eau et la fibre optique cohabitent avec des techniques plus antiques. Aux murs sont encore accrochés des tubes à pneumatiques utilisés par une ancienne grande banque de la place, 'peut-être pour envoyer des liasses de billets', sourit M.Bron.

Autre objet d'un autre siècle, le fil bleu d'un généphone, un téléphone à manivelle, indispensable en raison de l'absence de réseau GSM: c'est le seul moyen d'avoir une liaison avec la permanence des SIG en cas de besoin, souligne M.Styner.

Le réseau est sous haute surveillance. L'ingénieur se remémore néanmoins quelques frayeurs: il y a quatre ans, des Roms installés sur la coursive d'un pont à Châtelaine ont voulu percer un tuyau de gaz. A cause du danger d'explosion, tous les trains entre Cornavin et l'aéroport ont été bloqués.

Surprise dans les WC

Les retrouvailles avec l'air libre côté rue du Stand passent par 20 mètres d'escaliers bien raides dont on ressort les mains tout de même un peu crasseuses. La visite se conclut par une dernière anecdote.

A la Place du Molard, une sortie de secours passait autrefois par les toilettes hommes. Lors de leur rénovation, l'architecte a inversé pour une raison obscure les lieux d'aisance masculins et féminins. 'Depuis, nous devons donc sortir par les WC dames. On frappe plusieurs fois avant d'entrer', rit M.Styner.

/ATS


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