Plus de 60% des entreprises genevoises ont souffert du franc fort en 2015, révèle l'enquête conjoncturelle de la Chambre de commerce de Genève (CCIG). Année difficile pour l'horlogerie, le tourisme ou l'industrie, mais les prévisions 2016 sont globalement meilleures.
Au total, 42% des sociétés considèrent que 2015 a été difficile à très difficile, contre 32% en 2014, explique l'étude publiée lundi. Elles étaient 26% à la trouver stable et 33% à l'estimer bonne à très bonne.
'C'est la première fois qu'une majorité relative d'entreprises relèvent que l'année a été difficile', a dit à l'ats une membre de la direction de la Chambre de commerce, d'industrie et des services de Genève (CCIG), Alexandra Rys.
Autre indicateur, 58% ont obtenu une augmentation du volume d'affaires, alors qu'elles étaient 75% à l'attendre. L'abandon du taux plancher avait été annoncé pendant la période des prévisions 2015.
Au total, 26% s'étaient préparées à un recul, mais cette baisse a été constatée dans 42% des entreprises. Côté rentabilité, 'les choses se gâtent', dit Alexandra Rys. 'Plus de 50% des sociétés ont apprécié une croissance, mais elles étaient plus de 70% à l'attendre.
Délocalisation dans 25 entreprises
Six secteurs sur 20 ont toutefois été l'objet d'embellies. Le volume d'affaires a progressé dans 90% des groupes d'assurance, 79% dans l'enseignement, 78% dans les technologies de l'information, 75% dans la santé, 67% dans l'immobilier et plus de 60% dans les conseils. Pour l'enseignement, l'immobilier et les conseils, l'augmentation avait déjà été observée l'année précédente.
En revanche, 75% des entreprises de la chimie ont reculé, 73% dans les commerces, plus de 70% dans l'horlogerie, plus de 60% dans l'énergie et l'environnement, 64% du tourisme et 48% dans la banque. Ces secteurs sont les mêmes que l'année précédente, avec le tourisme en plus, affecté par le franc fort.
Globalement, 62% des entreprises ont été impactées négativement par l'abandon du taux plancher. Près d'une société sur deux a baissé ses prix, d'autres ont cherché de nouveaux marchés ou encore ont baissé les effectifs.
Le dégraissage a été deux plus important que prévu, avec 22% contre 11%. Mais les augmentations ont aussi été supérieures aux attentes, avec 23% contre 21%.
Le franc fort n'a pas provoqué de considérables délocalisations. Seules 25 entreprises ont lancé de telles mesures, contre plus de 30 l'année précédente. Sept ont au contraire relocalisé des activités.
Optimisme des TIC
Pour 2016, les prévisions sont meilleures, avec 'un retour à la normale'. Au total, 21 entreprises prévoient une délocalisation et cinq une relocalisation. En termes de volume d'affaires et de rentabilité, trois groupes sur quatre s'attendent à une croissance. Dont 30% estiment la progression du chiffre d'affaires à plus de 5%.
Les secteurs les plus optimistes restent l'assurance, l'enseignement, l'industrie, les ressources humaines, la santé et les technologies de l'information et de la communication (TIC). Les plus pessimistes sont l'automobile, le commerce, l'énergie et l'environnement, l'horlogerie, le négoce, la chimie et le tourisme.
Mais le négoce et la banque sont très divisés sur leurs prévisions. Par ailleurs, deux tiers des entreprises devraient s'appuyer sur un effectif inchangé. Pour les sociétés interrogées, à près de 80%, la traversée du lac est le projet le plus important en termes de mobilité, devant la priorité aux transports publics et la mobilité douce, à 30% et la restriction du trafic de transit à plus de 20%.
L'enquête conjoncturelle a été menée de mi-janvier à mi-février auprès d'environ 2500 entreprises. Parmi elles, seules un peu plus de 700 ont répondu, dont plus de 500 en totalité, soit 21%. La marge d'erreur est de 3,85%. Parmi celles qui ont répondu, 58% réalisent plus de 90% de leur chiffre d'affaires en Suisse ou avec des clients établis en Suisse. Et pour un peu plus de 10%, ce volume atteint lui 10%.
/ATS