Le franc se maintient à des niveaux très élevés, constate le directeur de Raiffeisen Pierin Vincenz. Au pays maintenant de lancer la discussion pour décider s'il veut ou non s'accommoder des lourdes conséquences sociales de cette situation.
'Le franc fort conduira à terme à la désindustrialisation et à la perte de dizaines de milliers d'emplois', s'alarme Pierin Vincenz dans un entretien à la Schweiz am Sonntag. 'Si nous optons pour le franc fort, la place économique, telle que nous la connaissons aujourd'hui, n'existera plus'.
La Suisse se trouve aujourd'hui à une croisée des chemins, selon le patron du groupe bancaire saint-gallois, qui quittera ses fonctions fin septembre pour prendre la présidence de l'assureur Helvetia. 'L'un de ces chemins conduit à une Suisse high-tech plus spécialisée et ultraperformante. L'autre voie consiste à s'adapter au contexte européen et mène à la médiocrité'.
Conséquences sociales
'Nous devons continuer à nous spécialiser et ne pas nous contenter de la moyenne'. Tout en ayant conscience que cela a aussi un prix, que les plus faibles, socialement, pourraient devoir payer, avertit le banquier. Il plaide pour des filets de sécurité, pour gérer les inégalités, car tous ne seront pas en mesure de supporter seuls cette évolution.
Avec de nouveaux postes hautement spécialisés, 'nous devrions recruter davantage de main-d'oeuvre qualifiée à l'extérieur, pour devenir encore plus compétitifs. Sommes-nous prêts à cela ?'
Absence de débat de fond
Pierin Vincenz regrette qu'un 'débat politico-social fondamental sur les avantages et surtout inconvénients du franc fort' n'ait pas lieu.
C'est que pour le patron de Raiffeisen, le franc demeure aujourd'hui à des niveaux très élevés. 'Bien sûr, nous verrons toujours des fluctuations, mais notre devise restera très forte'. La Suisse est innovante, avec un faible niveau de dette publique, un marché du travail flexible et un système politique stable, autant de facteurs réjouissants, mais qui conduisent à une monnaie forte, selon lui.
/ATS