Le promoteur immobilier espagnol Martinsa-Fadesa a annoncé lundi sa faillite, la plus importante du secteur jamais survenue dans le pays. Le groupe affichait une dette totale de 7 milliards d'euros (7,5 milliards de francs) fin 2014.
Ce groupe est un des symboles des abus ayant conduit à la débâcle du secteur. Il a indiqué lundi soir dans un communiqué diffusé à l'issue d'un conseil d'administration extraordinaire qu'il demanderait sa liquidation judiciaire. Selon la presse, son nouveau plan de sauvetage a été rejeté par 75% de ses créanciers, ce qui l'a acculé à la faillite.
Selon son rapport 2014 publié vendredi soir, le groupe, présent surtout en Europe (Espagne, France, Roumanie, Hongrie, Pologne, République tchèque) mais aussi au Maroc et au Mexique, affichait une dette totale de sept milliards d'euros (7,5 milliards de francs) fin 2014. La société dispose d'actifs évalués à 2,4 milliards.
Ses créanciers Banco Popular, Abanca, la Sareb (la 'bad bank' espagnole créée en 2012 pour gérer les actifs immobiliers toxiques gonflant les bilans des banques), et Caixabank, ont estimé que le plan n'était pas viable, selon le journal économique 'Cinco Dias'.
Larges provisions
Ces institutions 'ne devraient toutefois pas être touchées étant donné qu'elles ont déjà dû prévoir de larges provisions, et plusieurs organes de gestion d'actifs ont été créés', selon Pablo Kindelan, du cabinet de consultants DTZ.
Le groupe, dont le dépôt de bilan à l'été 2008 fut le plus important de l'histoire du pays avec une dette colossale de 7,2 milliards d'euros (7,7 milliards de francs au cours actuel), avait déjà été sauvé de justesse en mars 2011 par un plan de refinancement.
Il prévoyait alors le remboursement de la dette sur huit ans, à partir de 2012, mais n'a pas pu redresser la barre.
Le groupe, dirigé par Fernando Martin, ne s'est jamais vraiment remis de l'achat de Fadesa pour plus de quatre milliards d'euros en 2007, avant l'explosion de la bulle immobilière.
Le dirigeant de Fadesa, Manuel Jove, dont la fortune personnelle est estimée à deux milliards par le magazine Forbes, avait vendu 55% de parts du groupe Fadesa pour trois milliards d'euros. Il a été accusé d'avoir surévalué l'entreprise, mais Martinsa n'a pas eu gain de cause.
Bulle immobilière
L'éclatement de la bulle immobilière a plongé l'Espagne dans une profonde récession dont elle n'est sortie qu'en 2013, avec une explosion du taux de chômage qui reste toujours à des niveaux records, à 23,7% de la population active.
Comme Martinsa-Fadesa, plusieurs autres importants groupes immobiliers espagnols ont déposé le bilan ces dernières années: le promoteur Reyal Urbis, croulant sous plus de 3,6 milliards de dette, ReyalHabitat (2,8 milliards) ou Sacresa (1,8 milliard).
Mais cette faillite est sans doute la dernière de cette ampleur dans un secteur qui a donné en 2014 des signes de reprise, avec de nouveaux profils d'investisseurs issus non pas du monde de la pierre mais de la finance comme le milliardaire chinois Wang Jianlin, a noté le quotidien espagnol 'El Mundo' dimanche.
Les ventes de logements ont progressé en Espagne en 2014 pour la première fois depuis 2010, de 2,2% sur un an selon l'Institut national de la statistique.
Pour Pablo Kindelan, la faillite de Martinsa-Fadesa 'ne représente pas la situation du marché actuel mais plutôt un écho d'une autre époque'. Pour lui, 'le marché a changé de tendance, comme le reste de l'économie, avec l'arrivée de liquidités'. Toutefois, 'la situation reste fragile et inégale en fonction des régions et des secteurs', relève-t-il.
/ATS