L'ElCom réclame des mesures pour assurer les importations en hiver

Malgré une situation tendue l'hiver dernier, la sécurité de l'approvisionnement en Suisse est ...
L'ElCom réclame des mesures pour assurer les importations en hiver

L'ElCom réclame des mesures pour assurer les importations en hiver

Photo: Keystone

Malgré une situation tendue l'hiver dernier, la sécurité de l'approvisionnement en Suisse est garantie à moyen terme, selon la Commission fédérale de l'électricité (ElCom). Elle réclame toutefois des mesures pour pouvoir importer davantage de courant si nécessaire.

'Le prochain grand défi sera de compenser l'arrêt définitif de la centrale nucléaire de Mühleberg en 2019', a affirmé jeudi devant les médias à Berne Carlo Schmid-Sutter, président de l'autorité indépendante de surveillance. 'On doit renforcer les capacités d'importation de courant en hiver, d'abord en élevant la tension de la ligne Bassecourt (JU) - Mühleberg (BE) à 380 kilovolts (kV)'.

Créer de nouveaux transformateurs figure aussi parmi les priorités. Dans le détail, il faudrait d'abord en installer un à Mühleberg, puis un autre à Beznau (AG), indique le rapport sur la sécurité de l'approvisionnement 2016 de l'ElCom, publié jeudi. Il convient aussi de doper les capacités du transformateur de Laufenburg (AG), qui ont déjà été renforcées à la hâte l'hiver dernier.

'Ces différentes mesures sur le réseau de transport électrique devraient prendre deux ans de travail', a estimé M. Schmid-Sutter. 'Tout retard réduit les possibilités d'importation en hiver', a-t-il prévenu. Comme une grande partie de l'électricité importée transite par le réseau de 380 kV, les transformateurs doivent disposer d'une capacité suffisante pour abaisser la tension.

'Pire des scénarios'

Les importations ne représentent toutefois pas une solution à long terme si l'on veut éviter une dépendance vis-à-vis de l'étranger, a tenu à rappeler le président d'ElCom. L'autorité de surveillance recommande que la Suisse maintienne une part 'adéquate' de production d'électricité propre afin que la qualité de vie des citoyens ne soit pas uniquement garantie par ces importations.

Car ces dernières ont leur part de risque. 'Nous envisageons toujours le pire des scénarios', a commenté Christian Brunner, membre de la commission. 'Dans le cas d'une vague de froid sur toute l'Europe pendant plusieurs jours au coeur de l'hiver, les autres pays pourraient bien n'utiliser leurs réserves d'électricité que pour leurs propres besoins et ne plus en exporter chez nous.'

Et de préciser encore que tous les contrats d'importation signés avec d'autres Etats maintiennent des conditions qui privilégient le pays exportateur en cas de pénurie.

Pas d'urgence

Malgré une situation d'approvisionnement tendue l'hiver dernier, l'ElCom reste d'avis qu'aucune mesure urgente ne s'impose. Les difficultés récentes ont plusieurs causes, d'après son rapport sur l'hiver 2015/2016. Parmi elles, l'arrêt des centrales nucléaires de Beznau I et II, un faible niveau des rivières et des lacs de rétention et une baisse de production des centrales au fil de l'eau.

L'ElCom a réagi en appliquant, en collaboration avec l'opérateur Swissgrid, différentes mesures techniques visant à réguler le réseau. Outre renforcer à court terme la capacité du transformateur de Laufenburg, elle a réduit les risques de perturbation ainsi que certaines surcharges sur le réseau et remis en service Beznau II. Parallèlement, d'autres décisions ont permis de contenir les exportations.

Le hasard a aussi contribué à détendre la situation: les premiers mois de 2016 ont été chauds et pluvieux en comparaison annuelle, a reconnu la commission.

Libéralisation continue

Miroir de la 'bonne qualité' de l'approvisionnement du réseau suisse selon l'ElCom, la durée moyenne des coupures d'électricité par consommateur final n'a pas dépassé 21 minutes en 2015, contre 22 l'année précédente. La majorité d'entre elles étaient planifiées, représentant environ 10 minutes sur les 21.

Les quelque 11 minutes restantes sont attribuées à des coupures non planifiées, la plupart du temps dues à des événements naturels comme des orages ou des animaux endommageant le réseau. 'Ces résultats demeurent très bons en comparaison européenne', a assuré Carlo Schmid-Sutter.

En outre, la tendance vers un marché libre continue à se renforcer. Depuis 2009, les gros clients peuvent choisir leur propre fournisseur énergétique et font de plus en plus usage de ce droit, sous l'effet d'un recul constant des prix. Ainsi en 2011, seuls 8% des consommateurs finaux en profitaient, contre 56% aujourd'hui, ce qui représente 74% de la quantité d'énergie librement commercialisée.

/ATS


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