De nombreuses entreprises genevoises ciblées

Plusieurs sociétés genevoises dont la maison-mère est basée à l'étranger sont les cibles d'escroqueries ...
De nombreuses entreprises genevoises ciblées

De nombreuses entreprises genevoises ciblées

Photo: Keystone

Plusieurs sociétés genevoises dont la maison-mère est basée à l'étranger sont les cibles d'escroqueries également appelées 'fraude au président' ou 'fraude à la régie'. Le reste de la Suisse romande est aussi touché, mais dans une moindre mesure.

A Genève, une centaine de plaintes pour escroqueries ont été déposées depuis un an, a expliqué à l'ats Marc Zingg, chef de la brigade financière, revenant sur une information du Matin Dimanche. Parmi elles, une trentaine de cas relève de la 'fraude au président': des préjudices pour un montant de six millions de francs ont déjà été recensés.

La technique semble éprouvée. Une personne se faisant passer pour un directeur ou un avocat, appelle depuis la prétendue maison-mère. Il flatte l'employé choisi, qui travaille dans une filiale genevoise, en le mettant dans le secret.

Le faux directeur lui demande par exemple de procéder à une transaction urgente, liée à une OPA fictive, explique Marc Zingg. L'employé 'au garde-à-vous' devant 'un ponte de la maison-mère' reçoit dans les heures ou les jours qui suivent un mail confirmant l'ordre téléphonique.

A un détail près

Le document est en général en tout point pareil à celui de la société impliquée: même logo, même adresse mail. A un ou deux détails près toutefois. Qui change tout, comme un point ou une virgule dans l'adresse mail. Et les sommes en jeu dans ce type de fraudes sont importantes, de un à deux millions de francs par transaction, selon le policier.

Devant la virulence de ce genre d'escroqueries, la brigade financière genevoise veut prévenir les entreprises. Elle est en train de préparer une politique d'information à ce sujet.

Fraudes à la régie en hausse

Les escrocs recourent encore à un autre type d'escroqueries, appelées 'fraudes à la régie'. Les entreprises sont une nouvelle fois ciblées. Marc Zingg avance le chiffre d'une septantaine d'affaires, recensée depuis un an à Genève, et d'un à deux nouveau cas par semaine. 'Un employé basé à Genève est informé par une fausse régie que le service comptable est délocalisé', poursuit le spécialiste.

Même topo que dans la 'fraude au président': un mail identique à un détail près est envoyé au salarié, qui transfère l'argent sur un nouveau compte. 'Dans un cas, un loyer de 150'000 francs a été viré au mauvais endroit'. Au total, les entreprises genevoises ont déjà été lésées pour un montant de 800'000 francs.

Autres cantons

Le reste de la Suisse romande est aussi touché par ce genre d'arnaques relevant de l''ingéniérie sociale', mais dans une moindre mesure. A Neuchâtel, la police a comptabilisé une quinzaine de tentatives en 2015, a expliqué le porte-parole de la police cantonale Pierre-Louis Rochaix: dans un cas, plusieurs centaines de milliers de francs ont été virés sur un faux compte.

Dans le canton de Vaud, une quinzaine de tentatives ont été signalées rien qu'entre octobre et décembre 2015. Quatre cas ont abouti: le premier pour un montant de 300'000 francs. Les autres se sont élevés à 98'000 et 56'000 euros, le dernier à 27'000 francs.

A Fribourg, une quinzaine d'affaires ont été enregistrées depuis septembre 2015, tandis qu'un versement de 400'000 francs a été effectué. En Valais, une dizaine de tentatives ont eu lieu depuis 2014 sans qu'aucune n'aboutisse, a avancé Jean-Marie Bornet, porte-parole de la police cantonale. Dans le Jura, deux cas ont été signalés.

Aussi en Suisse alémanique

Les escrocs ne s'arrêtent pas à la Sarine. Ainsi, dans le canton de Berne, une dizaine d'escroqueries du genre ont abouti en 2015, qui représentent un montant de quelque 400'000 francs, a indiqué le porte-parole de la police cantonale bernoise Nicolas Kessler.

Une douzaine de tentatives, pour une somme proche de 10 millions de francs, ont également été recensées par la police qui part du principe qu'un certain nombre de cas ne sont pas annoncés. En réaction, les autorités bernoises ont distribué à de nombreuses entreprises des prospectus les rendant attentives à la manière de procédé des malfaiteurs et leur proposant plusieurs recommandations.

Aucune arrestation

Les escrocs ont pour l'heure échappé à la police. A Genève, la brigade n'a pu procéder à aucune arrestation. Les personnes opèrent depuis l'étranger tandis que l'argent transite dans plusieurs pays. Pour Marc Zingg, cela relève du crime organisé.

Les policiers doivent demander l'entraide judiciaire aux pays concernés, la procédure est incertaine et les auteurs difficilement identifiables. Aucune condamnation n'a encore été prononcée en Suisse romande. Dans l'intervalle, les polices cantonales misent sur la prévention.

/ATS


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