Credit Suisse est resté bénéficiaire au troisième trimestre, malgré une chute de plus de 95% de son résultat. Le bénéfice net attribuable aux actionnaires du numéro deux bancaire helvétique a chuté à 41 millions de francs, contre 779 millions un an plus tôt.
'Au 3e trimestre, nous sommes restés concentrés sur la mise en oeuvre disciplinée de notre stratégie. Le travail remarquable de nos équipes dans nos divisions a permis de confirmer les tendances positives qui se dégageaient de nos résultats au deuxième trimestre', affirme cependant jeudi le directeur général Tidjane Thiam, cité dans un communiqué.
Le Franco-Ivoirien insiste sur les progrès réalisés sur le front des coûts: il estime à 1,5 milliard de francs la réduction de coûts nette déjà réalisée sur les neuf premiers mois de l'année. 'Nous sommes en bonne voie pour dépasser notre objectif pour fin 2016', souligne le patron.
L'établissement a réduit à cette date ses effectifs de 5400 équivalents plein temps, sur les 6000 visés cette année. A fin septembre, il comptait encore 47'690 postes à plein temps, selon le rapport intermédiaire, dont 13'440 au sein de la banque universelle suisse.
Frais de litiges
Le bénéfice avant impôts au 3e trimestre atteint 222 millions de francs, en hausse de 12% par rapport au trimestre précédent. Mais il a chuté de trois quarts en rythme annuel.
Les produits d'exploitation se sont étoffés d'un trimestre à l'autre de 6% à près de 5,4 milliards de francs, mais ont reculé de 10% sur douze mois. Certes, la banque universelle suisse a engrangé un gain de 346 millions grâce à la vente d'immobilier. Mais l'unité de banque d'affaires Global Markets a connu un contexte difficile en Europe, doublé d'un creux saisonnier.
Les charges opérationnelles, elles, ont augmenté, tant sur une base trimestrielle qu'annuelle, à quelque 5,2 milliards de francs. Elles reflètent notamment des provisions plus élevées, de 357 millions de francs, en lien avec un litige immobilier aux Etats-Unis. Le trimestre sous revue comptabilise en outre 145 millions de charges de restructuration.
Ces résultats sont mitigés par rapport aux attentes des analystes sondés par l'agence awp. Les charges d'exploitation et le bénéfice net trimestriels manquent les pronostics, contrairement aux recettes et au bénéfice avant impôts. A la Bourse suisse, le titre était jeudi matin sous forte pression.
Banque d'affaires rentable
Par divisions, la gestion de fortune, tout comme la banque d'affaires sont restées rentables. L'afflux net de nouveaux capitaux dans la gestion de fortune se monte à 9,2 milliards au 3e trimestre. Après neuf mois, il se chiffre à 30,9 milliards, en hausse de 40% en rythme annuel.
Dans le détail, l'entité helvétique a généré un bénéfice avant impôts de 758 millions de francs, soit un quasi doublement en une année. L'afflux net d'argent neuf n'atteint que 200 millions de francs, et les sorties 900 millions suite à l'abandon d'activités mais aussi de régularisation en cours.
Le bénéfice avant impôts dans la de gestion de fortune internationale (IWM) est dopé d'un quart en comparaison annuelle, à 245 millions de francs. Du côté des activités en Asie/Pacifique (APAC), la rentabilité avant impôt a fléchi de 6% sur un an à 152 millions, en raison notamment de provisions pour perte de crédits.
Quant à la banque d'investissement au coeur de la restructuration, ses deux divisions sont tout juste en zone bénéficiaire. Le bénéfice avant impôts de Global Markets s'est affaissé sur un an de 67% à 87 millions de francs. Investment Banking & Capital Markets n'a dégagé que 39 millions, en chute de 40%.
Incertitudes
'Pour l'avenir, nous nous attendons à ce que l'activité des marchés continue à être influencée par les incertitudes macroéconomiques et géopolitiques au cours des prochains trimestres et à ce que les perspectives demeurent difficiles', déclare Tidjane Thiam.
Les insécurités politiques constituent le facteur dominant, a dit le grand patron en entretien avec AWP Vidéo. A très court terme, la présidentielle américaine suscite des inquiétudes. Le directeur général reconnaît qu'il reste encore du pain sur la planche, mais maintient ses engagements.
Parmi eux, celui de renforcer la capitalisation de la banque. Au terme du 3e trimestre, le ratio de fonds propres 'durs' (CET1) s'inscrit à 12%, en hausse de 180 points de base en un an, y compris l'impact des provisions pour litiges.
L'entité domestique Credit Suisse (Suisse) doit démarrer ses activités le 21 novembre. L'entrée en bourse partielle prévue (20-30%) doit avoir lieu d'ici à fin 2017 'si les conditions de marché le permettent', réaffirme la direction.
Pour rappel et à titre de comparaison, UBS a vu son bénéfice net chuter de 60% à l'issue du 3e trimestre 2016. Le numéro un bancaire helvétique a dégagé un résultat net de 827 millions de francs, contre 2,068 milliards un an auparavant.
/ATS