Sans surprise, les actionnaires de Sika, réunis en assemblée générale extraordinaire, ont confirmé leur soutien au conseil d'administration dans sa lutte contre la vente du fabricant zougois de spécialités chimiques à Saint-Gobain. La querelle ne trouve pas d'issue.
Dès l'entame de la nouvelle réunion qui s'est tenue vendredi à Baar, localité laquelle le fabricant zougois de spécialités chimiques pour la construction et l'industrie est domicilié, le président du conseil d'administration, Paul Hälg a dressé le constat d'une situation inchangée depuis l'assemblée générale ordinaire d'avril. Les actionnaires avaient alors déjà soutenu le conseil d'administration.
Pour mémoire, les propriétaires de Sika avaient réélu tous les administrateurs indépendants, contrairement aux voeux de la société Schenker-Winkler Holding (SWH) des familles héritières Burkard-Schenker. Toutefois, ce soutien avait été obtenu à la faveur d'un plafonnement des droits de vote de SWH à 5%, alors que son paquet d'actions représentant 16,1% du capital lui garantit 52,4% des suffrages.
A l'issue de cette première assemblée, organisée dans le contexte de la cession en décembre par SWH de ses parts au géant français des matériaux de construction Saint-Gobain, les familles héritières des fondateurs de l'entreprise avaient demandé et obtenu la convocation d'une réunion extraordinaire. Vendredi, leur représentant, Urs Burkard a regretté cette issue, déclarant aux quelque 400 actionnaires présents préférer la recherche d'une solution à une lutte sans fin.
Statu-quo consacré
'Mais malheureusement, nous nous retrouvons aujourd'hui ici après trois mois', a dit M. Burkard. Comme la précédente réunion, l'assemblée générale extraordinaire de vendredi a consacré le statu quo, le conseil d'administration ayant décidé de plafonner une nouvelle fois les droits de vote de SWH.
Le président a motivé le plafonnement des droits de vote de SWH par la volonté du groupe de maintenir le statu quo jusqu'à ce que les questions juridiques soient éclaircies par la voie d'une procédure ordinaire. Du coup, la continuité est pour l'heure assurée à la tête de l'entreprise.
Sans surprise, les actionnaires ont dès lors largement refusé les propositions de SWH, à savoir la non-réélection des administrateurs Paul Hälg, Monika Ribar et Daniel Sauter ainsi que l'élection de son candidat, Max Roesle. La composition de l'organe de surveillance reste ainsi identique.
En revanche, l'assemblée générale a rejeté, contre l'avis du conseil d'administration, la rémunération des administrateurs. Pour ce point de l'ordre du jour, SWH a toutefois pu intégralement exercer ses droits de vote. M. Hälg a assuré les actionnaires de l'engagement indéfectible de l'organe de surveillance, en dépit de ce résultat négatif.
Dialogue impossible
Tout au long de la réunion, le conseil d'administration et la holding familiale ont défendu leur point de vue. Faisant part de son incompréhension face au refus de Saint-Gobain de discuter sur les questions critiques que suscite la transaction avec SWH, Paul Hälg a rappelé être prêt au dialogue.
Le président a appelé à trouver une issue convenable à toutes les parties. S'adressant à Pierre-André de Chalendar, le directeur général du géant français des matériaux de construction Saint-Gobain, et Urs Burkard, M. Hälg a déclaré: 'M. de Chalendar et Urs, vous savez où nous trouver'.
Répondant à M. Hälg, M. Burkard a lui aussi fait part de sa volonté de dialogue. Reste que si chaque camp veut bien négocier, le contenu des discussions fait débat. Si les fronts sont demeurés inchangés, l'assemblée générale extraordinaire a été marquée par le soutien de salariés de l'entreprise à leur direction, lesquels ont exprimé leur attachement à la société.
A l'issue de l'assemblée, M. Hälg a précisé n'avoir pas activement favorisé la présence de cadres de l'entreprise. Le président a précisé que Sika organise actuellement en Suisse des rencontres pour ses responsables.
Gros chèque
Le conflit entre la direction de Sika et SWH dure désormais depuis bientôt huit mois. En décembre dernier, à la suprise générale, les cinq familles héritières Burkard-Schenker ont cédé leurs actions au groupe industriel français. Saint-Gobain a déboursé 2,75 milliards de francs, soit une prime de 80%.
/ATS