Les hôteliers ont gagné une bataille contre Booking.com: le site français de réservation en ligne va renoncer à la majeure partie des clauses tarifaires et de disponibilité qu'il imposait aux professionnels, afin de mettre fin aux procédures engagées contre lui.
Une décision qui ne satisfait qu'en partie la profession. Les engagements de Booking.com s'appliqueront en France, mais aussi en Italie et en Suède, et ont vocation à être étendus à toute l'Europe, a assuré mardi l'Autorité française de la concurrence. Ils mettent fin à une procédure de négociations de près de deux ans ouverte contre le leader français de la réservation hôtelière en ligne, avec deux-tiers du marché.
Les hôteliers, qui souhaitent utiliser ses services, pourront désormais proposer sur d'autres plate-formes de réservations ou directement sur place, par téléphone ou par mail des tarifs inférieurs. Jusqu'ici, ces prix étaient interdits dans les contrats que Booking imposait aux hôteliers, ce qui constituait une clause abusive aux yeux des professionnels.
Pas sur leur propre site Internet
En revanche, les hôtels ne pourront toujours pas afficher sur leur propre site internet des tarifs inférieurs à ceux de Booking, sauf pour les titulaires de leur carte de fidélité. Ils pourront toutefois y faire figurer le fait que des tarifs 'intéressants' ou des 'promotions avantageuses' peuvent être proposés en cas de réservation directe avec l'hôtelier.
Par ailleurs, les hôtels seront désormais libres de choisir le nombre de chambres qu'ils confieront à Booking, alors qu'il devaient auparavant proposer un nombre équivalent sur leur site à celui qu'ils proposaient sur Booking. L'inconvénient de Booking étant la commission que l'hôtelier était alors obligé de payer.
Sur certaines périodes, l'hôtelier pourra même garder toutes ses chambres à vendre directement.
Dès le 1er juillet
Les engagements du site s'appliqueront à partir du 1er juillet pour une durée minimum de cinq ans. 'Nous pensons que nous avons aujourd'hui un équilibre satisfaisant, avec un accord gagnant/gagnant', a commenté Bruno Lasserre, président du gendarme français de la concurrence.
'Les hôtels retrouvent ainsi une vraie liberté commerciale et tarifaire. Sans pour autant nier l'efficacité ou renoncer à rémunérer les plateformes de réservations en ligne qui investissent massivement, notamment dans l'achat de mot-clés sur Google, pour assurer la visibilité des hôtels au niveau mondial'.
Un point d'étape sera fait au plus tard le 1er janvier 2017 pour s'assurer que Booking respecte bien ses engagements. Dans le cas contraire, l'Autorité pourrait appliquer des sanctions pouvant aller 'jusqu'à 5% de son chiffre d'affaires', a averti M. Lasserre.
Bientôt à l'ensemble de l'Europe
Les hôteliers français ont salué une 'étape importante', tout en déclarant que 'cela ne règle pas tout' et qu'ils demeurent 'vigilants' et résolus à retrouver leur liberté tarifaire totale. Booking.com a de son côté 'pris acte' de cette décision, indiquant sa volonté d'étendre ces engagements à 'l'ensemble de l'espace économique européen'.
Ces propositions font suite, en France, à une plainte déposée par l'Umih, principal syndicat d'hôteliers, en juillet 2013 contre Booking, Expedia et HRS, procédure à laquelle s'est joint en février le groupe hôtelier Accor. L'instruction à l'encontre de Expedia et HRS se poursuit, selon l'Autorité de la concurrence.
/ATS