La défense du cours plancher de 1,20 franc pour un euro a coûté très cher à la Banque nationale suisse (BNS) durant la première quinzaine de janvier. Extrapolé à l'entier du mois, l'institut d'émission aurait dû y consacrer quelque 100 milliards de francs, selon le membre de sa direction générale Fritz Zurbrügg.
'Dans les jours qui ont précédé la décision d'abolir le taux plancher (le 15 janvier), les montants d'intervention se sont révélés toujours plus importants', a indiqué Fritz Zurbrügg dans une interview publiée jeudi dans le quotidien 'Blick'. En mensualisant la valeur de ces interventions, 'nous aurions dû consacrer environ 100 milliards de francs pour le seul mois de janvier'.
Et l'euro semblait devoir se stabiliser autour de la parité contre le franc suisse jeudi sur le marché des changes, dans l'attente d'importantes décisions de la Banque centrale européenne (BCE). Vers 08h30, la monnaie unique valait 99,58 centimes, soit un centime de moins environ que la veille à la même heure.
Phénomène sans fin
'Chaque jour, des milliards de francs ont été engloutis, sans perspective de fin', ajoute le numéro trois de la direction générale de la BNS dans les colonnes du quotidien alémanique. La banque centrale dit avoir examiné des solutions alternatives, dont la fixation d'un cours plancher comprenant l'euro et le dollar.
'Nous sommes arrivés à la conclusion que laisser flotter le taux de change constituait la meilleure option', explique Fritz Zurbrügg. Les réactions de la Bourse ont été anticipées comme violentes et difficiles.
La décision d'abandonner le cours plancher est le fait des trois membres de la direction générale de la BNS: le président Thomas Jordan, le vice-président Jean-Pierre Danthine et Fritz Zurbrügg.
Question de crédibilité
'La crédibilité de la BNS n'a pas souffert au final', estime encore Fritz Zurbrügg. 'Nous avons toujours considéré que nous ne pouvions préparer la sortie du taux plancher via une communication active', précise-t-il, en réponse aux critiques de ceux qui disent n'avoir rien vu venir.
Pour rester crédible, il était justement important de ne rien laisser filtrer, complète Fritz Zurbrügg. 'Toute mise en garde aurait constitué une invitation à la spéculation'.
Plus loin, la stabilité des prix à moyen et long terme ne semble pas en danger, selon la BNS. Avec l'abolition du taux plancher, l'inflation va certes encore diminuer, passant en zone négative.
La décision du 15 janvier a eu un effet unique et passager, relève le membre de la direction générale. 'Nous n'avons aucun signe montrant une spirale déflationniste'.
Pas de déflation
Ces prochains mois, l'institut d'émission monétaire s'attend à un affaiblissement de la croissance économique en Suisse. 'L'ampleur du phénomène dépendra du niveau de stabilisation de la valorisation du franc suisse', constate Fritz Zurbrügg.
Le franc semble en l'état clairement surévalué et les marchés ont surréagi. 'Nous partons du principe que la situation ne durera pas', assure-t-il.
'Si des mouvements inhabituels devaient encore survenir, défendables du point de vue de la politique monétaire, la BNS serait prête à se montrer une nouvelle fois active', note encore Fritz Zurbrügg. A ce titre, la banque centrale dit garder toutes les options ouvertes.
/ATS