Un brusque réchauffement des eaux du Pacifique au large du Pérou a provoqué des pluies diluviennes. Ces précipitations ont fait déborder des rivières et causé des glissements de terrain: au moins 62 personnes sont mortes et plus de 70'000 se retrouvent sans-abri.
La moitié du pays a été déclaré en état d'urgence. Les zones les plus touchées sont principalement situées dans le nord du pays, a indiqué le Premier ministre Fernando Zavala. Le niveau des précipitations en cette saison des pluies est dix fois supérieur à la normale, ont indiqué vendredi les autorités péruviennes.
Les inondations devraient continuer. Ce phénomène El Niño, c'est-à-dire le réchauffement des températures à la surface de l'océan dans le Pacifique, devrait se poursuivre le long de la côte nord du Pérou pendant le mois d'avril, estime le scientifique Dimitri Gutierrez, qui fait partie de la commission péruvienne El Niño.
Le phénomène El Nino au Pérou a tendance à être suivi par le même phénomène au niveau mondial, qui peut se traduire par des inondations et des sécheresses dans différents pays, explique Dimitri Gutierrez. L'agence météorologique américaine estime à 50-55% la probabilité qu'un phénomène El Niño se développe dans la seconde moitié de l'année.
Eau rationnée
Les scènes apocalyptiques enregistrées sur les téléphones portables et partagées sur les réseaux sociaux ont accentué le sentiment de chaos. On a vu une femme couverte de boue s'extraire d'une rivière remplie de débris : une coulée de boue s'était déversée dans la vallée où elle s'occupait des récoltes.
Des ponts se sont effondrés; des rivières sont sorties de leur lit. Sur des plages, on a retrouvé des vaches et des cochons qui avaient été emportés par les rivières.
Dans la capitale, Lima, les cours ont été suspendus dans les établissements scolaires. La consommation d'eau courante a été rationnée, les systèmes de traitement des eaux étant engorgés. Les habitants de Lima se sont en conséquence rués dans les supermarchés pour acheter de l'eau en bouteille. Certains magasins se sont retrouvés en rupture de stock.
Repenser les infrastructures
Parmi les sinistrés, beaucoup sont très pauvres. Certains avaient construit des habitations de fortune dans des zones inondables qui étaient sèches depuis 20 ans, explique le générale Jorge Chavez, chargé de coordonner l'action du gouvernement.
Le Pérou, estime-t-il, doit repenser ses infrastructures pour se préparer à une éventuelle 'tropicalisation' de la côte désertique dans le nord que prévoient certains modèles climatiques à la faveur de la hausse des températures. 'Il nous faut plus de ponts et des ponts plus solides, il nous faut des autoroutes et des villes équipées de systèmes de drainage', estime le général Chavez.
/ATS