Un ancien membre d'un boys band japonais a affirmé mercredi avoir subi des agressions sexuelles lorsqu'il était adolescent de la part de Johnny Kitagawa, le gourou des groupes masculins de pop japonaise (J-pop), décédé en 2019 à 87 ans.
L'agence Johnny & Associates fondée par M. Kitagawa, qui règne sur l'industrie nippone du spectacle depuis des décennies, n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP. Le Club des correspondants étrangers du Japon, qui organisait la conférence de presse où Kauan Okamoto a porté ces accusations, a aussi indiqué que ses demandes auprès de l'agence étaient restées sans réponse.
Le chanteur nippo-brésilien, aujourd'hui âgé de 26 ans, a déclaré mercredi avoir été agressé par M. Kitagawa '15 à 20' fois à partir de 2012, quand il n'avait que quinze ans, jusqu'à son départ de l'agence en 2016.
'Nombreuses' victimes
Il est l'une des premières personnes à accuser publiquement M. Kitagawa, dont la presse nippone avait déjà évoqué de longue date des faits de harcèlement et d'agression sexuelles présumés, mais qui n'a jamais été condamné. La controverse a ressurgi après la récente diffusion d'un documentaire de la BBC.
'J'espère que d'autres victimes se manifesteront, toutes, car elles sont très nombreuses', a déclaré M. Okamoto. 'J'aimerais également que la direction de l'agence, et Johnny lui-même s'il était présent aujourd'hui, reconnaissent ce qui s'est passé et fassent en sorte que de telles choses ne se reproduisent plus', a-t-il ajouté.
Selon le chanteur, il était fréquent que les jeunes recrues de M. Kitagawa passent la nuit dans son appartement équipé d'un jacuzzi, d'un bar et d'une machine à karaoké.
Kauan Okamoto a déclaré que la première fois qu'il avait été agressé par M. Kitagawa, celui-ci s'était allongé à côté de lui et lui avait touché les parties génitales avant de lui faire une fellation. Selon lui, M. Kitagawa lui a donné le lendemain 10'000 yens (68 francs au taux actuel), sans explication.
M. Okamoto pense que la plupart des '100 à 200' jeunes talents qu'il a côtoyés à l'agence ont subi des agressions similaires. 'Grâce à Johnny, ma vie a changé', a-t-il dit. 'Mais je crois aussi que ce que Johnny a fait, me faire subir des actes sexuels quand j'avais 15 ans, et ce qu'il a fait subir aux autres, est une mauvaise chose.'
Pas d'enquête à titre posthume
Les médias locaux avait déjà évoqué des accusations d'abus et d'exploitation sexuelle d'enfants à l'encontre de M. Kitagawa. En 1999, l'hebdomadaire Shukan Bunshun avait ainsi publié une série d'articles présentant les accusations de plusieurs garçons à son encontre.
M. Kitagawa avait obtenu des dommages-intérêts pour diffamation à la suite de ces publications, mais la décision avait été partiellement annulée en appel. Un tribunal avait estimé que le magazine avait des raisons suffisantes de publier ces accusations, selon l'agence de presse Kyodo.
M. Okamoto a dit qu'il ne souhaitait pas demander d'enquête à titre posthume pour l'instant. Les garçons agressés étaient 'généralement conscients' que le fait de rejeter les avances de Johnny Kitagawa nuirait à leur carrière, a-t-il dit. Certains 'disaient même qu'il fallait (aller) chez lui pour réussir', a-t-il ajouté.
/ATS