Avec son grand déballage de révélations et d'attaques contre la famille royale britannique, les mémoires du prince Harry sont arrivés mardi dans les rayons des librairies, près de trois ans après sa rupture avec la monarchie.
Les extraits les plus fracassants du livre - qui s'ouvre sur une scène suivant les funérailles en 2021 de son grand-père, le prince Philip - ont déjà été éventés dans la presse. Ils ont encore plombé au Royaume-Uni la popularité du fils cadet du roi Charles III, accusé de salir à des fins mercantiles une institution pour beaucoup sacrée.
Chez le libraire WHSmith de la gare londonienne de Victoria, les exemplaires de 'Spare' ('Le Suppléant') ont quitté leur emballage de plastique noir dès minuit, sous les objectifs de journalistes plus nombreux que les clients.
'Ses propres mots'
Premier à attendre, Chris Imafidon, président d'une association dans l'éducation, est reparti avec trois exemplaires du livre où le duc de Sussex raconte comment son frère l'a jeté au sol, avoir tué 25 talibans en Afghanistan mais aussi avoir pris de la cocaïne ou avoir perdu sa virginité avec une femme plus âgée. 'Je veux vraiment être en mesure de voir quelle est sa perspective', a-t-il déclaré à l'AFP.
Sarah Nakana, experte en immobilier commercial âgée de 46 ans, veut 'entendre son histoire de ses propres mots', estimant que la presse 'radicalise' le public britannique contre le prince Harry.
Dès l'ouverture à 08H00 mardi, Caroline Lennon, 59 ans, a acheté un exemplaire à Piccadilly Circus entourée de dizaines de journalistes. 'J'aime la famille royale, chacun d'eux, mais j'apprécie également Harry. Je n'aime pas cette guerre entre eux'. Elle a aussi acheté la version audio du livre, lue par Harry: elle s'apprêtait à l'écouter, mardi, de retour chez elle, en buvant un thé chaud.
Charles III pas épargné
L'ouvrage est édité en anglais, mais aussi dans 15 autres langues. Les divisions au sein de la royauté britannique y apparaissent au grand jour, plongeant cette institution à l'influence planétaire dans la tourmente à peine quatre mois après la mort de la reine Elizabeth II et à quatre mois du couronnement de Charles III.
William, l'héritier du trône, son 'frère bien aimé et ennemi juré', est sa principale cible. Mais le roi Charles III n'est pas non plus épargné. Tout comme Kate, l'épouse de William, et Camilla, la reine consort.
Dans son livre, Harry accuse William de l'avoir jeté au sol lors d'une dispute en 2019 concernant Meghan, qu'Harry avait épousée l'année précédente. Il accuse aussi son frère et son épouse Kate de 'stéréotypes' envers Meghan, actrice américaine métisse, qui ont 'créé un obstacle' pour l'accueillir dans la famille.
Harry affirme que certains détails de conversations privées avec Camilla, l'épouse de son père, publiées dans les médias 'ne pouvaient avoir fuité que' par elle.
Le prince, âgé de 38 ans, a donné plusieurs interviews télévisées pour promouvoir et défendre son livre, depuis la Californie où il s'est exilé en 2020 avec son épouse Meghan. Il a assuré vouloir 'se réapproprier' son histoire mais ne vouloir 'blesser' personne.
Rupture de confiance
Buckingham Palace n'a pas réagi aux déclarations du prince, mais des commentaires de sources 'proches de la famille royale' ont commencé à apparaître dans la presse, en majorité très hostile aux 'Sussex'. L'une de ces sources a dit à The Independent que selon le roi, Camilla et William, la situation ne pourra pas s'améliorer car Harry a été 'kidnappé par un culte de la psychothérapie et par Meghan'.
Charles III, la reine consort et l'héritier du trône sont 'piégés' selon cette source: 'Il est impossible d'avoir une conversation ou d'écrire une lettre à cause du risque que tout ce qu'ils disent soit mis dans le domaine public par Harry, potentiellement pour un bénéfice commercial'. 'Il y a une totale rupture de la confiance'.
Dans The Sun, une source affirme que même si 'Harry a épargné son père', 'cela n'a que peu d'importance pour Charles, car il s'en est pris à Camilla', une 'ligne rouge'. Les Britanniques semblent lassés de ce feuilleton princier. Selon un sondage YouGov, 64% des Britanniques ont une image négative de Harry.
/ATS