Pas question de réduire drastiquement l'argent destiné à la culture pour la période 2016-2020. Le Conseil des Etats a rejeté jeudi deux demandes de renvoi en commission émanant de l'UDC. L'une voulait réduire le budget culturel, l'autre supprimer toute politique culturelle nationale.
'Un pays riche comme la Suisse peut se montrer généreux envers la culture, même si ce projet flirte avec les limites. On sait que les finances fédérales sont dans le rouge, mais ce n'est pas encore nécessaire de couper maintenant', a relevé Werner Luginbühl (PBD/BE).
Il est important de soutenir la culture, essentielle à la cohésion nationale. La société a besoin des artistes pour exprimer l'appartenance à une même communauté, a ajouté Géraldine Savary (PS/VD), au nom de la commission.
Le budget annuel devrait ainsi augmenter en moyenne de 3,4% par an par rapport à la période 2012-2015. L'enveloppe de 1,12 milliard est destinée à l'ensemble des domaines couverts par l'Office fédéral de la culture (OFC), Pro Helvetia et le Musée national suisse. Le cinéma se taille la part du lion, avec 253,9 millions. Pro Helvetia suit avec 210,9 millions pour cinq ans.
L'art, l'argent et la hache
Une minorité issue des rangs de l'UDC, soutenue par quelques libéraux-radicaux, a dénoncé en vain une politique dispendieuse. 'Distribuer de l'argent n'est pas un art, mais c'est visiblement devenu une culture', a ironisé Thomas Minder (Indépendant/SH). L'augmentation 'massive' du budget 'dépasse celle de la croissance économique. C'est une politique risquée', a critiqué Hannes German (UDC/SH).
Certains investissements, notamment en faveur des transferts de biens ou du Musée national suisse, sont inutilement importants. Sa proposition de renvoi en commission afin d'amputer de 65,1 millions l'enveloppe de 1,12 milliard a toutefois fait chou blanc. Les sénateurs l'ont rejetée par 35 voix contre 9. 'Ca aurait été un véritable coup de hache', a commenté Géraldine Savary.
Economie artistique
Des potentiels d'économie, Peter Föhn (UDC/SZ) en a vu à foison aussi. Pour lui, surtout, la culture doit rester cantonale. Mais sa proposition n'a pas eu plus de succès. Le Conseil des Etats n'a pas voulu réviser le projet du Conseil fédéral à la baisse en biffant son ambition nationale.
Il y a une profonde méconnaissance de l'importance économique de la culture. Le nombre d'emplois concerné est pratiquement équivalant à celui de la place financière. De plus, dans le secteur touristique par exemple, l'offre culturelle contribue de manière importante à attirer des touristes amateurs d'art, a remarqué Luc Recordon (Verts/VD).
'La culture représente 3% du produit intérieur brut. Il est faux d'opposer l'économie à la partie économique de la culture. Il faut plutôt les tirer ensemble vers le haut', a ajouté le conseiller fédéral Alain Berset.
/ATS