Depuis janvier, la Cinémathèque suisse ferme ses salles au public le lundi. Comme d'autres institutions, elle cherche des pistes d'économies d'énergie. Le défi n'est pas simple, elle qui conserve ses supports à des températures et taux d'humidité constants.
Les instances politiques ont demandé à leurs institutions de réfléchir à des possibilités d'économies. Pour la Cinémathèque suisse, à Lausanne, 'la seule action à mener rapidement était la fermeture des salles un jour, mesure la moins grave pour le plaisir du public', explique à Keystone-ATS son directeur Frédéric Maire.
Ce sera le lundi, le jour le moins fréquenté de manière générale dans les salles de cinéma. La mesure est 'à l'essai', et durera au moins jusqu'à l'été. 'On verra comment le public réagit'. Les économies d'énergie - pour la projection ou le chauffage de la salle - ne sont pas 'gigantesques', mais elles comptent, note le directeur.
Lorsqu'elle a été décidée, cette fermeture hebdomadaire avait aussi un autre avantage: pallier les gros problèmes que poseraient d'éventuelles coupures d'électricité pendant la nuit, un scénario qui était évoqué à l'approche de l'hiver.
'C'est pendant la nuit que nous téléchargeons les films que nous projetons', explique M. Maire. Avec sa fermeture du lundi, la Cinémathèque disposait ainsi d'un jour pour télécharger les films de la semaine.
Sur le long terme
A plus long terme, d'autres mesures d'économies d'énergie sont en cours de réflexion ou de réalisation. Une société spécialisée a effectué un bilan carbone de l'institution. Les résultats sont promis d'ici deux mois.
Frédéric Maire sait d'emblée qu'il aura 'peu de marge de manoeuvre sur certains points'. Le centre de recherche et d'archivage à Penthaz (VD) abrite des collections numériques et physiques qui doivent être conservées dans des conditions de froid et d'humidité très précises. Et stables.
'Nous avons 6000 m2 de surfaces refroidies à différents degrés: cinq degrés pour les négatifs, seize pour les papiers et 18 pour les copies d'exploitation', énumère-t-il. Ces stocks ont l'avantage d'être en sous-sol, mais cela ne suffit pas: il y a un coût de refroidissement.
Avec d'autres institutions internationales, la Cinémathèque suisse réfléchit à des aménagements. Par exemple: pourrait-on conserver des bobines de négatifs à un ou deux degrés de plus que les cinq degrés actuellement requis? Et cela sans risque pour ce patrimoine? 'Des analyses sont en train d'être faites', dit M. Maire.
Aussi le numérique
La Cinémathèque suisse stocke aussi à Penthaz de très grandes quantités de données numériques. Par 'chance' sur un système de conservation 'peu gourmand en énergie' et le plus fiable actuellement. Ce système LTO - sorte de vieille VHS en plus carré - est le support principal de stockage de la production récente et des films anciens qui ont été numérisés. 'A la louche', moins d'un quart du patrimoine de la Cinémathèque est numérisé, rappelle le directeur.
Pour répondre au réchauffement climatique et à la pénurie d'énergie, la Cinémathèque envisage d'installer des panneaux solaires sur les toitures végétalisées de ses dépôts de Penthaz, ce qui permettrait des économies 'sensibles'. A Lausanne, le Capitole, future Maison du cinéma, en cours de rénovation, va aussi en recevoir sur son toit.
Les travaux du Capitole devraient être terminés en fin d'année ou au début de 2024, annonce M. Maire. Le chantier accuse un léger retard sur le planning, de l'ordre de 4 à 6 semaines, en raison de la pandémie mais aussi de la complexité des travaux sur un objet du patrimoine.
La creuse de la deuxième salle, plus petite, est terminée. Le gros oeuvre devrait être terminé cet été ou au début de l'automne. Il faudra ensuite deux ou trois mois pour poser, fignoler et tester des installations techniques très sensibles.
/ATS