'Révolutionnaire' et 'visionnaire', le couturier André Courrèges est décédé jeudi à l'âge de 92 ans. Le Français était une icône des années 1960 avec ses minijupes, ses coupes architecturées et son style futuriste.
Courrèges, qui avait cessé ses activités professionnelles dans les années 1990, 's'est éteint après un long combat de plus de trente ans contre la maladie de Parkinson', à son domicile de la région parisienne, a annoncé vendredi la maison Courrèges.
Ses obsèques se tiendront lundi après-midi dans une église de Pau, sa ville natale du sud-ouest de la France, a annoncé sa nièce Perrine Durandeau, précisant qu'il est décédé pendant son sommeil.
'Le vêtement doit échapper aux conventions', jugeait Courrèges, pour qui la mode n'était 'pas un modèle mais un mode de vie'.
Entre robes mini aux lignes pures, bottes plates à mi-mollet, touches de vinyle et omniprésence du blanc, sa couleur fétiche, le couturier a su capter l'esprit du temps et marquer son époque en insufflant un vent de jeunesse et de futurisme à la mode.
Il sera aussi l'auteur des fameux collants 'seconde peau' faits d'une seule pièce, à glisser sous des robes chasubles ou à porter avec des blousons en vinyle, matière qu'il introduit dans la garde-robe.
L'une de ses égéries était la chanteuse Françoise Hardy, vedette des années yéyé, qu'il a habillée au début des années 1960.
Elégance et fantaisie
'Toute sa vie, André Courrèges, avec sa femme Coqueline, n'a cessé d'avancer, d'inventer pour toujours devancer: un créateur visionnaire qui voyait déjà ce que serait le XXIe siècle et qui croyait dans le progrès. C'est ce qui rend si moderne Courrèges aujourd'hui', ont déclaré Frédéric Torloting et Jacques Bungert, les coprésidents du groupe Courrèges, dans un communiqué.
'C'est quelqu'un qui arrive dans une époque chargée de falbalas, de choses qui ne sont pas essentielles, et lui va vers une dimension tout à fait en phase avec l'architecture et le design', a déclaré le créateur Jean-Charles de Castelbajac, qui avait réalisé deux collections en collaboration avec Courrèges en 1993.
Pour Paco Rabanne, Courrèges représente un pan très important de la mode. 'Nous avions démarré ensemble, avec Pierre Cardin aussi. On nous appelait les trois mousquetaires. C'est une époque de la mode qui disparaît', a-t-il confié.
Le président François Hollande a salué en Courrèges un 'créateur révolutionnaire, usant de formes géométriques et de matières nouvelles'. Et pour Fleur Pellerin, ministre de la Culture, 'il aura finalement été l'inventeur d'un univers de formes et de couleurs où l'élégance ne pouvait se concevoir sans fantaisie, sans humour, sans la plus grande liberté d'esprit et de mouvement'.
Des défilés inoubliables
Passionné d'architecture et de peinture, André Courrèges avait fait des études d'ingénieur avant d'opter pour la mode. Il entre en 1950 chez Cristobal Balenciaga, qui lui apprend le métier et chez qui il reste 11 ans. Il y rencontre sa future femme, avec qui il ouvre en 1961 sa maison de couture. Il raccourcit les vêtements, impose le pantalon. Son style rencontre un succès phénoménal.
Ses défilés étaient de vrais concepts, comme lorsqu'il avait installé une gigantesque bulle transparente dans le Jardin des plantes à Paris en 1980. En 1985, il avait investi un grand hôtel de Tokyo pour un événement mode et musique, au cours duquel les plus grands airs de la musique française étaient interprétés par 130 musiciens.
Il avait pris sa retraite en 1994, laissant sa femme poursuivre l'activité de la maison, vendue en 2011 au duo Frédéric Torloting et Jacques Bungert.
La marque longtemps en sommeil est en pleine relance. L'usine de Pau, que Courrèges avait lui-même imaginée, a été rénovée en 2013 et deux jeunes créateurs à succès, Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer, sont en charge depuis mai 2015 de la direction artistique.
/ATS
