Le prestigieux chef d'orchestre, violoncelliste et gambiste autrichien Nikolaus Harnoncourt est décédé samedi à l'âge de 86 ans, a annoncé dimanche sa famille citée par l'agence de presse APA. Il était considéré comme le 'pape' du renouveau baroque.
'Nikolaus Harnoncourt a rendu son dernier souffle paisiblement dans le cercle familial', selon une courte annonce de sa famille citée par l'APA. Le chef autrichien avait annoncé en décembre mettre fin à sa carrière en raison de problèmes de santé.
'Mes capacités physiques exigent une annulation de mes projets à venir', avait écrit Nikolaus Harnoncourt dans une lettre ouverte au public venu écouter en décembre, le week-end même de ses 86 ans, un concert de l'ensemble de musique baroque qu'il a fondé à Vienne, le Concentus Musicus Wien.
Le Concentus Musicus Wien, créé par M. Harnoncourt lorsqu'il jouait du violoncelle avec l'Orchestre symphonique de Vienne, s'est consacré à l'interprétation de la musique baroque européenne sur des instruments d'époque, et ce à partir de nombreux travaux de recherche. Il a contribué à révolutionner l'interprétation de cette musique.
'Une ère se termine'
Le comte Nikolaus de la Fontaine und d'Harnoncourt-Unverzagt est né à Berlin le 6 décembre 1929. Sa mère est issue de la dynastie des Habsbourg. Son père descend d'un Lorrain passé au service de cette même famille qui a longtemps régné sur l'Europe centrale.
Amoureux précoce de tous les arts, il quitte tôt Graz, la ville du sud de l'Autriche où il a grandi, pour étudier le violoncelle dans la capitale. En 1952, Harnoncourt est embauché au sein de l'Orchestre Symphonique de Vienne, mais est aussitôt hérissé par l'autoritarisme des chefs d'orchestre.
Les remises en cause permanentes de Nikolaus Harnoncourt dérangent la Vienne des musiciens établis. Il finit en 1969 par quitter complètement le Symphonique de Vienne, décision risquée pour ce père de quatre enfants mais qui a été, selon lui, l'une des plus judicieuses de sa vie.
Harnoncourt fait ses débuts à l'opéra en dirigeant en 1971 à Vienne 'Le Retour d'Ulysse dans sa Patrie' du pré-baroque Monteverdi. Il poursuivra, avec le metteur en scène français Jean-Pierre Ponnelle, par un cycle Monteverdi devenu légendaire à l'opéra de Zurich, avant un cycle tout aussi révolutionnaire des opéras de Mozart dans la même salle.
En 1971, il se lance aussi dans le projet ambitieux d'enregistrer, avec son confrère Gustav Leonhardt, de l'intégrale des cantates de Bach, une oeuvre achevée en 1990.
Rebelle aux académismes
Rebelle aux académismes, M. Harnoncourt ne s'est jamais cantonné à un style, enregistrant le répertoire dans toute sa variété, jusqu'aux romantiques et à la musique du XXe siècle. Ses interprétations de Dvorak et même de Bartok, notamment, ont été saluées, et en 2009, il s'attelle au 'Porgy and Bess' de Gershwin à l'occasion du festival Styriarte de Graz, un événement musical annuel qu'il a créé.
'Une ère se termine', a estimé auprès de l'APA Thomas Angyan, intendant du Musikverein, l'une des plus prestigieuses institutions musicales viennoises. 'Je ne pensais pas qu'il s'écoulerait si peu de temps entre sa retraite et sa mort (...) Il était l'original du son original (...) Nous devons poursuivre l'héritage musical qu'il nous laisse', a-t-il ajouté.
Le chef avait créé le festival Styriate, qui se déroule tous les ans à Graz, la ville du sud de l'Autriche qui l'a vu grandir. Il a reçu en 2014, à l'âge de 84 ans, un prix Echo Klassik - principale distinction de la musique classique en Allemagne - récompensant l'ensemble de son oeuvre.
/ATS