La Berlinale s'ouvre jeudi dans la capitale allemande. Le premier gros festival de cinéma européen de l'année envoie un signal fort aux réalisatrices, mieux représentées que jamais. Pour cette 69e édition, quelque 400 films du monde entier seront projetés.
Dix-sept longs-métrages seront en lice pour l'Ours d'or qui sera remis le 16 février par un jury présidé par Juliette Binoche. Outre l'actrice française à la carrière planétaire, qui avait reçu le prix d'interprétation à Berlin en 1997 pour 'Le Patient anglais', Catherine Deneuve, Diane Kruger, Christian Bale, Tilda Swinton, Casey Affleck ou Jonah Hill fouleront le tapis rouge de la Berlinale.
L'an dernier, le festival du film de Berlin avait décerné son Ours d'or à une femme, la réalisatrice roumaine Adina Pintilie, pour son film 'Touch me not', au terme d'une édition très marquée par le mouvement #MeToo contre le harcèlement.
Après une année de débats sur le sexisme dans l'industrie du cinéma, les réalisatrices seront cette fois représentées à un niveau inédit dans la compétition: sept des films en course pour l'Ours d'or, soit 41% des oeuvres, sont faits par des femmes, contre seulement 14% à Cannes et 5% à Venise l'an dernier.
Premier film Netflix
Juliette Binoche a salué ce mouvement vers plus de diversité, dans une interview à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. 'Je pense que le rôle des femmes dans le monde est en train de changer', a-t-elle commenté, estimant que le mouvement #MeToo était 'nécessaire'. 'Beaucoup d'hommes (...) ne sont pas conscients de la façon dont les femmes ont dû se soumettre de génération en génération', a-t-elle ajouté.
C'est la Danoise Lone Scherfig ('Italian for beginners') qui aura l'honneur de donner le coup d'envoi des festivités avec la première mondiale de son film 'The Kindness of strangers', l'histoire de quatre personnages en crise à New York. Parmi les autres femmes en lice pour l'Ours d'or, figure la Polonaise Agnieszka Holland ('Europa Europa') avec 'Mr Jones', un portrait de Gareth Jones, journaliste gallois qui a dénoncé la famine dans l'URSS de Staline en 1933.
L'Espagnole Isabel Coixet ('Ma vie sans moi') présentera 'Elisa y Marcela', sur l'histoire d'amour entre deux femmes dans l'Espagne du début du 20e siècle. Il s'agit du premier film Netflix en compétition à la Berlinale, après le Lion d'or obtenu l'an dernier par la plateforme de streaming à la Mostra de Venise pour 'Roma'.
Hommage spécial à Agnès Varda
Hors compétition, la Française Agnès Varda, 90 ans, proposera un nouveau documentaire autobiographique, 'Varda par Agnès'. La Berlinale lui rendra hommage en lui remettant un prix Berlinale Kamera, qui honore des personnalités du 7e Art.
Seul Français en compétition, François Ozon présentera son très attendu 'Grâce à Dieu', sur les abus sexuels présumés commis par un prêtre français que le cardinal Philippe Barbarin, jugé pour cette affaire, est soupçonné d'avoir couverts.
Ce film sur un scandale de pédophilie dans l'Eglise catholique crée des remous en France, puisque la défense du père Preynat, le prêtre mis en examen, a assigné en référé François Ozon pour obtenir le report de la sortie de son film, prévue le 20 février.
Hors compétition sera projeté 'L'Adieu à la nuit' d'André Téchiné, un film sur le djihad avec Catherine Deneuve en grand-mère qui découvre que son petit-fils veut rejoindre le groupe Etat islamique. Star du jury, Juliette Binoche sera aussi la vedette du film 'Celle que vous croyez' de Safy Nebbou, dans lequel elle incarne une quinquagénaire qui refuse de vieillir.
Cette 69e édition de la Berlinale sera la dernière dirigée par l'Allemand Dieter Kosslick, 70 ans, après 18 ans à la tête du festival. Il passera ensuite le relais à un duo plus jeune, composé de Carlo Chatrian, actuel directeur du Festival du film de Locarno, et de la Néerlandaise Mariette Rissenbeek.
/ATS