La Sentinelle des Rangiers à nouveau visible dès le 3 mai

Le nouveau musée CRAC sera inauguré le 3 mai sur les hauteurs d'Asuel (JU). Les visiteurs pourront ...
La Sentinelle des Rangiers à nouveau visible dès le 3 mai

La Sentinelle des Rangiers à nouveau visible dès le 3 mai

Photo: KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS

Le nouveau musée CRAC sera inauguré le 3 mai sur les hauteurs d'Asuel (JU). Les visiteurs pourront notamment découvrir les vestiges de la Sentinelles des Rangiers, baptisée 'Le Fritz' et vandalisée à plusieurs reprises par des activistes jurassiens.

Les vestiges du "Fritz" constitueront la principale attraction du Musée CRAC (Caquerelle Rangiers Aire culturelle) à La Caquerelle. Le musée a été présenté mardi en conférence de presse par le Groupe d'histoire du Mont-Repais (GHMR), qui travaille depuis 1993 à la mise en valeur de la Sentinelle.

L'exposition du "Fritz" a nécessité la transformation complète de l'ancien Musée du Mont-Repais, devenu le musée CRAC. En effet, le vestige mesure plus de 3,5 mètres alors que le toit du musée était à environ 2,2 mètres. Une exposition présente les différentes phases de l'histoire de ce monument. "On l'attendait depuis longtemps, on en parlait de plus en plus, mais toujours sans trop oser y croire", a déclaré le co-directeur du Groupe d'histoire du Mont-Repais (GHMR) Jean-Pierre Molliet.

Erigée en 1924 en mémoire aux troupes suisses mobilisées pendant la Première Guerre mondiale, la Sentinelle des Rangiers est l'oeuvre de l’artiste neuchâtelois Charles L’Eplattenier (1874-1946). Les séparatistes jurassiens ont vu dans cette statue, qui représente un fantassin avec la baïonnette au canon faisant face aux belligérants, un symbole d'une Suisse militariste et de la mainmise du canton de Berne sur la population jurassienne.

"Affaire des Rangiers"

L'imposante statue reste associée à la manifestation organisée en 1964 par le Rassemblement jurassien (RJ) lors de la venue du conseiller fédéral Paul Chaudet et du conseiller d'Etat bernois Virgile Moine, connue comme "l'Affaire des Rangiers". Ces deux élus s'étaient rendus aux Rangiers pour commémorer les 50 ans de la Mobilisation. A deux pas de la Sentinelle, plusieurs milliers de manifestants les avaient forcés à quitter les lieux sans pouvoir s'exprimer.

"Le Fritz" a été mis à terre, une première fois, par le Groupe Bélier en 1984, avant d'être redressé.

En août 1989, la statue a été renversée et des militants jurassiens ont dérobé sa tête. Les restes de la Sentinelle ont d’abord été entreposés à Glovelier dans un dépôt du Service des ponts et chaussées. En février 1990, un incendie criminel l'a fragilisé de façon définitive.

Une nouvelle atteinte à ce symbole a eu lieu le 24 septembre 2004. Des membres cagoulés du Groupe Bélier ont fracassé la tête de cette statue, en marge des manifestations marquant le 25e anniversaire de l'entrée en souveraineté du canton du Jura.

Le vestige n'a plus été présenté depuis les Journées européennes du patrimoine les 11 et 12 septembre 2016.

"Pas honte" de l'histoire

"Il n'y a pas à avoir honte de son histoire, mais il est nécessaire pour la comprendre de l'expliquer", a souligné Jean-Pierre Molliet.

"Tout était à faire dans ce projet, a ajouté la commissaire d'exposition Samantha Reichenbach. Le grand défi était de raconter une histoire aussi plurielle dans un espace aussi restreint", le musée mesurant 70 m2. "Cette statue a encore une importance historique surprenante", a relevé le scénographe Raphaël Barbier. Il a procédé à "un mélange entre monumentalité et mise en avant du côté politique."

Le coordinateur du musée Marc Meier a expliqué qu'il n'y avait aujourd'hui "aucune raison de s'en prendre à ce vestige. Il n'y a pas de jugement de valeur dans la présentation que nous avons montée, ce sont des faits."

Bannière vieille de plus de 600 ans

Le musée CRAC permettra également de découvrir la bannière originale des seigneurs d'Asuel, perdue lors de la bataille de Sempach en 1386. Elle n'a plus été montrée au public depuis plusieurs siècles.

Les visiteurs pourront aussi voir différents éléments, matériels et immatériels, en lien avec le col des Rangiers, "ce coin de pays qui est devenu un endroit emblématique du canton du Jura", selon Jean-Pierre Molliet.

/ATS

 

Actualités suivantes

Articles les plus lus