Des amandes, des olives, des kiwis et des grenades. Nous ne sommes pas au bord de la Méditerranée, mais bien à Areuse où l’agriculteur biologique Quentin Ducommun tente de planter à peu près tout ce qui lui passe sous la main. Une semaine avant le début de la récolte de ses amandes, il nous a ouvert les portes de son domaine.
Au Domaine des Prés d’Areuse, l’agriculteur biologique Quentin Ducommun est un des rares paysans suisses à produire des amandes. Aux 60 arbres qui lui ont permis de récolter près de 60 kilos d’amandes l’an dernier, s’ajoutent les 100 amandiers qui entreront en production dans deux, voire trois ans. Et plus l’on s’éloigne de sa ferme, plus les cultures qui l’entourent se diversifient. « Mon grand-père avait planté des noyers, puis on a continué avec les noisetiers, et enfin, les amandes », explique-t-il, le sourire aux lèvres. « On peut voir autour de nous l’évolution de nos cultures. » En effet, si le verger compte ses habituels pommiers et poiriers, on peut aussi y observer des amandiers, des oliviers, et même quelques bananiers et grenadiers. Comme il le précise, « pour les bananes, il faudra encore attendre un peu avant que ça donne quelque chose ». Mais c’est cet enthousiasme et cette curiosité qui confèrent à son domaine des allures exotiques. « La devise du domaine, c’est que les seules choses qui ne poussent pas sont celles qu’on n’a pas plantées ». Bien sûr, l’agriculteur biologique ne s’en cache pas : « parfois on se plante, et ce n’est pas grave, au moins, on aura essayé ! » Aux critiques sur le fait que ses cultures ne sont pas indigènes, Quentin Ducommun répond que, finalement, « c’est une continuité. Les Romains avaient déjà planté des amandiers et des grenadiers donc on ne fait que de reprendre ce qui s’est fait il y a 2'000 ans ».
Quentin Ducommun : « Ce qui ne pousse pas, c’est ce qu’on n’a pas planté. »
« Cette année, la floraison des amandes a été très belle, mais les arbres ont subi un coup de froid », explique-t-il. Même si cela implique une baisse de quantité récoltée, Quentin Ducommun reste positif. « Je pense que ça vaut quand même la peine d’essayer. » Comme il l’ajoute dans la foulée, « c’est un risque que l’on prend avec les amandes, mais les pommiers, eux aussi, peuvent subir ces gels tardifs ». Et comme il ne manque pas de le préciser, « si en plus je passe 20 fois sous les arbres, il manquera plein d’amandes parce que je les aurai mangées ». Rieur, il explique que c’est surtout la qualité du produit local qui l’intéresse. « Même avec des technologies plus adaptées, on ne pourrait jamais concurrencer les amandes importées que l’on trouve sur le marché. Ce qu’on chérit, c’est le fait de pouvoir les produire localement pour les proposer aux personnes qui passent à la ferme pour notre vente directe. »
Un domaine en agroforesterie
Autre particularité du Domaine des Prés d’Areuse, beaucoup de cultures sont cultivées en agroforesterie. En guise d’exemple, les 100 derniers amandiers à avoir été plantés respectent ce principe. « Ça veut dire qu’entre les rangées d’amandiers, on a mis des pommiers, des poiriers, des noisetiers et pleins d’autres choses afin de profiter des synergies qui s’établissent entre les différentes cultures ». Comme l’agriculteur le précise, ce mode d’exploitation amène pleins d’avantages. « Par exemple au niveau de l’ombrage, les arbres plantés permettent d’avoir un peu d’ombre sur les champs lorsqu’il fait très chaud en été, et en retour, les cultures amènent de la matière organique aux arbres. » /mkr